1910-1913 : L'expédition Terra Nova
Une course désespérée pour conquérir le Pôle Sud
Par Retronaut
Traduit par Hélios
5 janvier 1911 |
En 1910, l'explorateur britannique Robert Falcon Scott s'embarqua dans une ambitieuse expédition vers l'Antarctique dans le but de s'aventurer dans ses territoires inconnus, mener des études scientifiques et par-dessus tout, d'être la première personne à atteindre le Pôle Sud.
Il y avait de la concurrence. Ernest Shackleton [lors de l'Expédition Nimrod] avait atteint un point situé à 160 km du pôle l'année précédente et il était aussi dans les vues de l'explorateur norvégien Roald Amundsen d'y parvenir le premier.
Avec le soutien de financements publics et privés, l'Expédition Antarctique britannique (nommée plus populairement Expédition Terra Nova, d'après le nom du navire [un baleinier reconverti] qui assura son transport) prit la route de l'Antarctique.
En janvier 1911, le navire accosta sur la Dépendance de Ross, territoire du continent glacé au sud de la Nouvelle-Zélande, dominé par la barrière de Ross, nommée par beaucoup à l'époque la "Grande Barrière de Glace".
Au pied de la barrière, sur les rivages volcaniques de l'île de Ross, les membres de l'expédition débarquèrent les chiens de traineau, les poneys, les traineaux motorisés et les éléments d'une hutte en bois préfabriqué de 15 m sur 7,60 m qui sera isolée par un matelassage d'algues.
1910. Le Terra Nova |
1910 |
1910. A gauche : Mortimer McCarthy, matelot qualifié, à la barre du Terra Nova. A droite : Le chirurgien de bord, George Murray Levick dépouille un pingouin sur le pont du Terra Nova. |
28 décembre 1910. Un pingouin marche sur la banquise à la Dépendance de Ross. |
23 janvier 1911 |
Décembre 1910 |
1911 |
1911. Une équipe d'attelage se repose près d'un iceberg. |
1911. Le Terra Nova à l'ancre dans le canal McMurdo. |
1911. Un manchot Adélie tente de repousser le photographe Herbert Ponting de son nid sur l'île de Ross. |
1911. Le chien de traîneau Chris écoute le gramophone. |
1911. Le premier maître Edgar Evans. |
Une fois le camp établi, l'équipe se lança dans diverses expériences et explorations.
7 février 1911. Les hommes réchauffent leur repas sur un réchaud. |
1er avril 1911 |
A gauche : avril 1911, le Dr Edward Wilson - A droite : janvier 1912, un membre de l'équipe déguste une boîte de haricots |
Le commandant en second Victor Campbell prit six hommes et mit le Terra Nova cap à l'est, dans l'espoir de mener des travaux scientifiques sur la Terre du Roi Édouard VII. Sur le chemin du retour, ils eurent la surprise de constater que l'expédition de Roald Amundsen était arrivée et campait dans la Baie des Baleines.
Les deux équipes échangèrent des plaisanteries et Campbell se hâta de rentrer au camp pour informer Scott que son rival était arrivé.
Bien que consterné par ce fait nouveau, Scott décida de poursuivre comme prévu en installant des dépôts de ravitaillement de plus en plus loin vers l'intérieur du continent pour préparer l'ouverture de la route vers le pôle.
La mission fit face presque immédiatement à des complications. Les hommes furent retardés par de violents blizzards. Les poneys, qui s'étaient beaucoup moins bien comportés qu'espéré, s'affaiblirent et moururent. Il n'y eut que deux poneys sur huit à survivre.
Avril 1911. Le capitaine Scott (au milieu) et ses hommes posent pour la photo au retour d'une expédition. |
Mai 1911. Le responsable des chiens, Cecil Meares et le capitaine Lawrence Oates font cuire de la graisse de baleine pour les chiens. |
Pendant ce temps, les équipes de géologues exploraient les environs à la découverte des territoires inconnus et pour collecter des échantillons et des spécimens.
En avril 1911, début de l'hiver antarctique, les 25 hommes de l'équipe du rivage se replièrent dans la hutte, passant leur temps en lectures, études scientifiques et en occasionnels matchs de football. Scott continuait de son côté ses calculs pour la planification du voyage au pôle.
Au milieu de l'hiver, le Dr Edward Wilson, scientifique en chef, emmena plusieurs hommes faire une sortie pour récupérer des œufs de manchots Empereur dans une colonie à une centaine de kilomètres de là, au cours de laquelle ils endurèrent des vents proches de ceux d'un ouragan et des températures inférieures à – 60°C. Un vrai calvaire pour seulement trois œufs.
6 juin 1911. Le capitaine Scott, qui préside à table, fête son 43ème anniversaire. |
12 juillet 1911. Le géologue Frank Debenham broie des échantillons de pierre. |
22 juillet 1911. Le photographe Herbert Ponting dans sa chambre noire de fortune. |
1912. Une expédition en traîneau. |
Octobre 1911. Apsley Cherry-Garrard observe le poney Michael qui se roule dans la neige. |
7 octobre 1911 |
8 octobre 1911 |
9 octobre 1911. Les hommes dans leur chambrée. |
2 décembre 1911 |
Janvier 1912 |
Novembre 1911. Le capitaine Scott dans sa tenue pour aller au pôle. |
Quand le printemps arriva enfin, Scott exposa son plan pour atteindre le Pôle Sud.
Une équipe initiale de 16 hommes prendrait la route à travers la Grande Barrière de Glace en emportant le ravitaillement dans les traineaux motorisés, les poneys et les chiens. Certains membres de la mission rebrousseraient chemin à des latitudes précises en laissant un groupe final de 5 personnes qui irait au pôle.
Le groupe avec les traineaux motorisés partit le 24 octobre 1911. Les véhicules tombèrent en panne au bout de 80 km. Sans eux, Scott devait revoir son plan et continuer avec les chiens.
Janvier 1912 |
Janvier 1912 |
Le 4 décembre, l'équipe atteignit les contreforts de la Grande Barrière de Glace et démarra l'escalade du glacier Beardmore. Le 20 décembre, ils abordèrent le vaste plateau désert qui s'étendait entre eux et le pôle.
Les chiens furent renvoyés à la base et le 3 janvier 1912, Scott sélectionna les quatre hommes qui se joindraient à lui pour gagner le pôle : le scientifique en chef Edward Wilson, Lawrence Oates, Henry Bowers et Edgar Evans.
Les cinq hommes s'enfoncèrent vers le sud. Le 16 janvier, ils repérèrent quelque chose dans la blancheur glacée environnante – un drapeau noir qui flottait sur un patin de traineau.
Une note y était attachée. Amundsen les avait devancés d'un mois.
Découragés, Scott et ses compagnons atteignirent le pôle sud le jour suivant et découvrirent le lendemain le camp qu'Amundsen avait laissé derrière lui.
18 janvier 1912 |
Le pôle. Oui, mais dans des circonstances bien différentes de celles espérées… Grand Dieu ! Cet endroit est horrible et nous trouvons terrible d'avoir tant peiné pour l'atteindre sans avoir la récompense de la priorité. Nous l'aurions bien mérité.Journal de Robert Falcon Scott, 17 janvier 1912
18 janvier 1912 |
Même frustrés de ce triomphe imaginé, leur mission était terminée. Ils firent demi-tour et prirent le chemin du retour.
Les cinq hommes traversèrent le plateau polaire relativement facilement mais se retrouvèrent en difficulté pendant l'ascension du glacier Beardmore. Evans, qui souffrait d'engelures et d'autres blessures, perdit connaissance et mourut le 17 février alors qu'ils approchaient le fond du glacier.
Les quatre survivants traversèrent la Grande Barrière de Glace vers un dépôt de ravitaillement où ils avaient programmé un rendez-vous avec les équipes des chiens. Mais les chiens ne se montrèrent jamais.
Les engelures et la gangrène du pied de Oates rendaient impossible de marcher plus de quelques kilomètres par jour. Le 17 mars, jour de son 32ème anniversaire, il perdit aussi l'usage de ses mains et il savait qu'il ralentissait le groupe. Alors qu'ils étaient blottis sous leur tente pour lutter contre le vent, Oates annonça aux autres qu'il sortait juste un moment et ce fut pour aller à la rencontre de sa mort.
Scott, Bowers et Wilson continuèrent, de plus en plus faibles et malades au fil des jours. Le 20 mars, à seulement 17 kilomètres du plus grand dépôt, ils furent immobilisés par un féroce blizzard.
Le 29 mars, Scott rédigea la dernière note de son journal.
Nous nous tenions prêts tous les jours à rejoindre notre dépôt à 17 kilomètres de là, mais passée la porte de la tente, ce n'était que tourbillons de neige. Je ne pense pas que nous puissions espérer une amélioration maintenant. Nous tiendrons le coup jusqu'au bout mais nous nous affaiblissons, bien sûr, et la fin n'est pas bien loin. Cela semble dommage mais je ne crois pas pouvoir écrire davantage. R. Scott. Dernière note. Que Dieu veille sur les nôtres.Journal de Robert Falcon Scott, 29 mars 1912
Revenus au camp, les autres membres de l'expédition organisèrent plusieurs voyages pour approvisionner les dépôts, dans l'espoir de retrouver le groupe du pôle, en vain. Après un nouvel hiver passé dans la hutte, une équipe de recherche partit le 29 octobre.
Moins de deux semaines plus tard, ils découvrirent les corps de Scott, Wilson et Bowers. Ils érigèrent au-dessus d'eux un tumulus comme dernière demeure.
Janvier 1913 |
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