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L'affaire Dreyfus revue et corrigée (1ère partie)

Cette révision a été faite cette fois-ci par Josh, un ami de Miles Mathis qui travaille bien entendu dans le même état d'esprit que lui. Ce très long article, dont Josh a publié la version intégrale sur le site de Miles, sera publié en 3 fois.

L'affaire Dreyfus revue et corrigée

Par Josh

Traduit par Apolline


Depuis 120 ans, l'affaire Dreyfus a fait l'objet d'un nombre incalculable de compte-rendus. Des dizaines de livres et des centaines d'articles académiques ont été écrits sur le sujet. Cette bibliographie exhaustive  répertorie plus de 5000 articles écrits depuis la fin de l'affaire. Si on devait estimer le nombre d'articles de journaux publiés uniquement à l'époque del'affaire, il se chiffrerait à une centaine de mille. Comme les journaux imprimaient de multiples éditions quotidiennes pour tenir les gens informés des nouveaux développements, l'affaire Dreyfus reçut au 19ème siècle l'équivalent d'une couverture de 24 heures non-stop. Ce fut vraiment le procès d'OJ Simpson de son époque.[Simpson est un joueur de football américain accusé d'un double meurtre, celui de son ancienne femme et de l'ami de celle-ci. Miles révèle que le meurtre et le procès étaient bidon]Comme l'a noté Adam Gopnik dans son article du New Yorker en 2009 sur l'affaire Dreyfus :
"Le mélodrame typique des médias modernes nécessite une salle d'audience: de Scopes à JO, l'avant-scène dramatique d'un procès donne une structure au spectacle de la vie moderne. L'affaire Dreyfus, le premier à certains égards de ces drames, a tenu la France envoûtée..."
Ceux parmi vous qui ont lu les papiers de Miles Mathis sur le procès de la famille Manson, celui de Patty Hearst, de Scopes, des sorcières de Salem et de JO, pourront réaliser que Gopnik nous dit la vérité, déguisée en métaphore. Ces procès sont des drames, dans le sens où ils sont écrits à l'avance. Et ils structurent réellement la vie moderne, car ils servent à construire et consacrer notre réalité fabriquée, ainsi qu'à manipuler nos peurs et nos passions de manière à servir les intérêts de ceux qui nous gouvernent. Et l'affaire Dreyfus fut l'un des premiers, l'un des plus élaborés et des plus réussis de ces drames de salle d'audience fabriqués. En fait, il a comporté plusieurs affaires judiciaires réparties sur une douzaine d'années, ainsi que d'innombrables rebondissements et intrigues, ce qui a fait dire à un chercheur qu'"Un romancier ou un auteur dramatique qui écrirait une telle histoire serait taxé d'exagération."



L'incessante apparition de livres, documents, films et mini-séries, émissions spéciales TV et sites web, tous dédiés à reprendre l'affaire Dreyfus et à la solenniser, a recouvert au fil des ans les événements d'un canevas complexe de plusieurs couches superposées. (Je suppose que ce qu'ils disent est vrai, car si vous répétez un mensonge assez souvent, il devient la vérité.) Mon but ici est de démêler et dérouler les fils de ce canevas pour vous montrer que la chose n'était autre qu'un canular fabriqué. On pourrait penser avec ces événements ressassés et critiqués des milliers de fois que quelqu'un d'autre aurait pu déduire cette possibilité. Mais en dehors d'une exception notable, il n'y a personne. La crédulité des humains est sans limite. Je ne peux vraiment pas les en blâmer, malgré tout. Jusqu'à une date récente, je n'aurais pas remis en question non plus cet événement. Mais aujourd'hui après une étude en profondeur, je peux vous assurer que ce fut un canular géant. Dreyfusards et anti-Dreyfusards jouaient tous dans la même équipe, ils faisaient tous partie de la conspiration. Dreyfus compris. Il n'a jamais passé une seule journée sur l'île du Diable. Cela peut paraître absurde. Je vous suggère de lire les articles de Miles Mathis dont j'ai posté les liens ci-dessus. Vous serez alors en mesure de bien mieux juger ma thèse.

Avant d'exposer mes éléments de preuve et mon argumentation, permettez-moi de vous dire comment je me suis intéressé à ce sujet: quand Miles a publié mon article sur Gandhi, j'ai reçu des messages de quelques-uns de ses lecteurs. L' un d'eux écrivait: "S'il y a une chose que j'ai apprise en 62 ans, c'est que les BANKSTERS, l'élite dirigeante ... comme vous voudrez les nommer ... les BANKSTERS, contrôlent TOUJOURS les deux côtés, et créent TOUJOURS leur propre opposition !" Pour finir, j'avais récemment lu l'article Saturday Night live de Kevin, où Miles dit à propos d'Arthur Miller: "On m'a dit que Miller fulminait contre les Juifs, mais nous avons découvert dans mes récents articles que c'est un thème récurrent. Ça s'appelle 'créer sa propre opposition' pour remplacer la véritable opposition et la véritable critique." J'avais donc en tête cette idée de l'antisémitisme comme étant une opposition contrôlée en lisant les fondements du sionisme politique moderne à la fin du 19 e siècle, en réponse à la montée de l'antisémitisme européen, comme en témoigne l'affaire Dreyfus. Cela a déclenché une sonnette d'alarme, et j'ai pensé, "Hum ... l'affaire Dreyfus. C'était donc ça aussi ?" Alors je suis allé sur Wikipédia pour me rafraîchir les idées et bingo ! Je vais donc vous rapporter maintenant ce que j'ai trouvé.

Je vais commencer en faisant un bref rappel de l'affaire. Si vous êtes comme moi, vous en avez probablement besoin. Nous passerons ensuite en détail à l'essentiel, je démontrerai la fraude en démasquant quelques-uns des acteurs-clé, et finirai par une discussion sur le contexte de l'affaire en vous disant ce qu'il en était vraiment selon moi.

Pour vous rafraîchir la mémoire, permettez-moi de vous présenter une longue citation de Wikipédia [la version anglo-saxonne, bien entendu, de Wiki, qui montre comme à l'accoutumée des différences notables avec la version française]:
Le scandale démarra en décembre 1894, avec la condamnation pour trahison du capitaine Alfred Dreyfus, un jeune officier d'artillerie française d'origine alsacienne et juif. Condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir prétendument communiqué des secrets militaires concernant la France à l'ambassade d' Allemagne à Paris, Dreyfus fut emprisonné sur l'île du Diable en Guyane française, où il passa près de cinq ans.

C'est en 1896, principalement grâce à une enquête initiée par Georges Picquart, chef du contre-espionnage, que la preuve fut faite du vrai coupable, un officier de l'armée française nommé Ferdinand Walsin Esterhazy. Après la suppression de la récente preuve par des officiers de haut rang, le tribunal militaire acquitta à l'unanimité Esterhazy après deux jours de procès. L'armée accusa alors Dreyfus de nouvelles charges sur la base de documents falsifiés. Une rumeur faisant état d'un coup monté contre Dreyfus par le tribunal militaire et d'une tentative de camouflage commença à se répandre, surtout grâce au "J'accuse", une véhémente lettre ouverte du célèbre écrivain Émile Zola, publiée dans un journal parisien en Janvier 1898. Les défenseurs de Dreyfus firent pression sur le gouvernement pour une réouverture du dossier. 

En 1899, Dreyfus fut ramené en France pour un autre procès. Le scandale politique et judiciaire intense qui s'ensuivit divisa la société française en deux camps : ceux qui soutenaient Dreyfus (appelés aujourd'hui "dreyfusards"), parmi lesquels Sarah Bernhardt, Anatole France, Henri Poincaré et Georges Clémenceau et ceux qui le condamnaient ("anti-dreyfusards"), tels que Drumont, directeur et éditeur du journal antisémite La Libre Parole. Le nouveau procès donna lieu à une autre condamnation et à une peine de 10 ans, mais Dreyfus obtint un pardon et fut remis en liberté.

Toutes les accusations portées contre Dreyfus furent finalement démontrées comme sans fondement. En 1906, Dreyfus fut innocenté et rétabli en tant qu'officier de l'armée française. Il servit pendant toute la première guerre mondiale en terminant avec le grade de lieutenant-colonel. Il mourut en 1935.
Entre 1894 et 1906, l'affaire divisa profondément et durablement la France en deux camps opposés: les "anti-dreyfusards" pro-armée, pour la plupart catholiques et les "dreyfusards" pro-républicains et anticléricaux. Ce qui aigrit la politique française et encouragea une radicalisation.


ALFRED DREYFUS
Commençons par le début: Alfred Dreyfus. La toute première chose que vous entendrez toujours dire de lui, c'est qu'il était officier d'artillerie. C'est important pour eux de le marteler pour être sûr que vous ne le contestiez pas. La raison est que la lettre, nommée "le bordereau", trouvée dans une corbeille à papier à l'ambassade d'Allemagne et utilisée comme preuve contre Dreyfus, offrait de vendre une information à laquelle un officier d'artillerie aurait eu accès. Et il est vrai qu'il avait gravi les échelons dans un régiment d'artillerie, étant nommé capitaine et ayant stationné dans un arsenal d'artillerie. C'était en 1889. Mais en 1891, il entra à l'école militaire de Saint-Cyr. Il en sortit diplômé en 1893 et rejoignit l'état-major.

L'armée avait été réorganisée après la défaite de la France dans la guerre franco-prussienne. La réorganisation de l'armée impliquait la création d'un état-major avec quatre départements: le deuxième (connu sous le nom de 'Deuxième Bureau') était le Renseignement militaire, qui, au moment de l'affaire se composait de 20 ou 30 officiers, dont la tâche était la centralisation et l'analyse pour le Renseignement.

A l'intérieur du Deuxième Bureau existait une petite unité responsable du contre-espionnage, à qui on avait donné le nom trompeusement anodin de Section Statistique, comprenant 3-4 officiers. L'une des caractéristiques notables de cette section était qu'elle se situait en dehors de la chaîne de commandement militaire: le chef de la section faisait ses rapports au ministre de la guerre, dont il prenait aussi les ordres, et non au chef du Deuxième Bureau. La Section Statistique était ainsi sous contrôle civil direct, ce qui en faisait une sorte de taupe politique souterraine dans l'armée française.

Selon Wikipédia, "le chef de la Section Statistique était en 1894 le lieutenant-colonel [notez le rang] Jean Sandherr : diplômé de Saint-Cyr, cet alsacien de Mulhouse était un anti-sémite convaincu. Sa mission militaire était claire: récupérer des informations sur de potentiels ennemis de la France et les abreuver d'informations fausses." Devinez qui d'autre était alsacien ? Dreyfus. Oh, et si vous ne le saviez pas, ils étaient tous deux de la même ville: Mulhouse. Serait-ce un hasard ? Nous verrons que la plupart des acteurs étaient originaires d'Alsace et certains d'entre eux de Mulhouse. Mais je suppose que si Wikipédia nous dit que Sandherr était anti-sémite, ils n'auraient pu jouer dans la même équipe, n'est-ce pas ?

Voici un assez récent article de Tablet sur l'affaire Dreyfus :
"Fondée en 1871, après la désastreuse défaite de la France dans la guerre franco-prussienne, l'agence de contre-espionnage français... était un groupe cinglé d'assassins, d'espions, et de clairvoyants bons à falsifier documents et preuves en cour martiale et autres auditions juridiques. Rappelant les anciens agents de la CIA du président Richard Nixon spécialistes des coups tordus, ils étaient les plombiers de leur époque. Après qu'on ait surpris les plombiers à pénétrer dans le quartier général des adversaires démocrates de Nixon, l'hôtel Watergate, le président fut contraint de démissionner et ses agents furent condamnés pour leurs crimes. Mais imaginez un scénario différent. Et si les plombiers avaient réussi leurs sales combines? Et si l'armée américaine s'était alignée derrière eux et si les tribunaux avaient commencé à condamner les gens sur de fausses preuves, en les envoyant en prison pour la vie? Et si les plombiers avaient pendant douze ans fait régner la terreur contre les Juifs et autres personnes inscrites sur la "liste des ennemis" de Nixon ? Lorsque le pays a finalement réalisé ce qui se passait et tenté de se remettre de ce traumatisme, les gens ont senti que quelque chose avait terriblement mal tourné avec le système judiciaire et que le gouvernement avait échoué à les protéger. Tel fut l'effet de l'affaire Dreyfus."
Pris pour argent comptant, comme le récit officiel nous y invite, rien de tout ceci ne semble délibéré. Mais tout comme nous ne pouvons plus prendre les plombiers pour argent comptant, nous ne pouvons pas plus prendre l'affaire Dreyfus pour argent comptant. Le fait que certaines voix, valeurs, coalitions et centres de pouvoir soient sortis de l'affaire discrédités, délégitimés, dispersés et désemparés n'était pas le fruit du hasard.

Revenonsà Dreyfus. Voici quelques dates-clés: il a été nommé à l'état-major le 1er janvier 1893. Le 'bordereau' fut intercepté en septembre 1894 (certains récits parlent de l'été). On a dit qu'il a été trouvé déchiré dans une corbeille à l'ambassade d'Allemagne par unefemme de chambre française (une alsacienne), instrumentducontre-espionnage français. Le 5 octobre, le major Armand du Paty de Clam, qui avait été chargé de l'enquête, en est venu à soupçonner Dreyfus. Le 13 octobre, Dreyfus reçutun avis àcomparaitreau bureau des officiers. Il futarrêté le 15 octobre, et lanouvelle de son arrestation futdivulguéele 31 octobre. Son procès (à huis clos) débutale 19 décembre, se termina le 22, et condamna Dreyfus à l'exil permanent, à être dépouilléde son grade, et à une cérémonie de dégradation militaire. Celle-cieutlieu le 1er janvier 1895, date inscrite sur la photo signalétique deDreyfus ci-dessus. (La France, en passant, est à l'origine des photos anthropométriques.)

Les personnes nommées par l'état-major passaient leurs deux premières années par roulement dans chacun des quatre départements – 6 mois dans chaque – avant d'obtenir leur première affectation "réelle". Ce site dit, selon l'historien Vincent Duclert, qui a écrit une étude faisant autorité sur l'affaire, que les "nominations successives de Dreyfus inclurent le premier bureau pour la rédaction de l'ordre de bataille des armées, le quatrième bureau pour le service ferroviaire permettant la concentration des troupes, le deuxième bureau pour l'étude de l'artillerie allemande, et enfin le troisième bureau pour la signature des registres d'approvisionnement des troupes de couverture."

Ainsi selon Duclert, Dreyfus travaillait dans le 3èmebureau au moment de son arrestation. Je n'ai pas lu le travail de Duclert, et je ne sais pas quelles sont ses sources. Mais j'ai une bonne source qui le contredit : Alfred Dreyfus. Ses mémoires de prison, qui couvrent les années 1894 à 1899 et intitulées à juste titre Cinq années de ma vie, furent publiées en 1901 en français et en anglais. Nous parlons donc ici d'une source primitive directe, publiée très peu de temps après l'affaire.


Dans ses mémoires, Dreyfus écrit qu'il a travaillé pour le Renseignement militaire (Deuxième Bureau) pendant tout le temps passé à l'état-major. Vous avez bien compris: Dreyfus n'était pas officier d'artillerie. Il appartenait auRenseignement militaire. Vous ne trouverez nulle part cette petite pépite de vérité sous les masses de conneries écrites sur l'affaire, même si elle est juste sous les yeux des historiens depuis 1901.

Il se trouve que le 1er octobre 1895 – deux semaines avant son arrestation – Dreyfus a été réaffecté et qu'il s'est retrouvé en poste avec un régiment d'infanterie à Paris. (Voyons voir, qui d'autre avons-nous vu quitter le Renseignement deux semaines avant de reparaître dans une énorme PSYOP ? Hum... ah d'accord, le père de Sharon Tate.) Rappelons qu'ils ont commencé à soupçonner Dreyfus le 5 octobre (nous dit-on). Ce qui est absurde pour de nombreuses raisons, car le Bordereau, découvert en septembre, parlait de secrets d'artillerie militaire. On dit que le soupçon est tombé sur lui puisqu'il était officier d'artillerie. Mais cela n'a pas de sens parce qu'il n'était plus dans l'artillerie depuis 1890 en entrant à Saint-Cyr et, qu'après son diplôme, il est entré dans le Renseignement militaire en 1893. Vous pourriez me dire que son rôle dans le régiment d'infanterie impliquait probablement l'artillerie, mais il n'était pas à ce poste lorsque le bordereaufut découvert, et il n'y était que depuis quelques jours quand il fut soupçonné. Le bordereau précise que l'auteur de la lettre n'a eu le manuel d'artillerie de campagne en sa possession que pendant quelques jours quand il était "en manœuvre". Il dit qu'il "part en manœuvre." Mais rappelons que lorsque la note a été écrite, Dreyfus travaillait au Deuxième Bureau, il ne serait donc pas parti en manœuvre d'artillerie.

Maintenant, si c'était l'histoire officielle, on pourrait dire que tout ceci est une preuve supplémentaire que Dreyfus a été mis en place par de méchants revanchistes antisémites de l'armée, comme le capitaine (puis lieutenant-colonel) du Paty de Clam et son infâme homme de main, le capitaine (puis lieutenant-colonel) Henry. Mais non. Ces contradictions flagrantes sont à mon avis le signe que cette affaire a été fabriquée, d'autant plus que ces faits auraient été connus de ceux qui l'ont accusé et condamné – qu'ils aient ou non pensé à faire concorder l'écriture de Dreyfus et celle du Bordereau.

Voici une autre incohérence flagrante : on peut lire dans le journal de Dreyfus en prison sa note du 4 novembre 1895 : "Chaleur terrible, plus de 45°". Comment aurait-il pu connaître la température? Lui a-t-on donné un thermomètre sur l'île du Diable ? Pourquoi pas aussi un baromètre, pour qu'il puisse installer sa petite station météo personnelle ? À l'époque bien sûr, les gens ne savaient pas grand-chose du climat en Guyane et n'avaient pas vraiment les moyens de le découvrir. Mais ils savaient qu'il y fait chaud, et 45° est sacrément chaud. Pauvre homme! Mais de nos jours, nous avons une petite chose appelée Internet, et des "faits" de ce genre peuvent être vérifiés. Selon Weather Underground, la température la plus élevée en Guyane française a été enregistrée le 3 novembre 2015. Il y a fait 37.9°. C'est 7° en dessous de ce qu'a rapporté Dreyfus. On ne sait pas depuis combien de temps existe l'enregistrement des températures, mais si nous sommes censés croire au réchauffement climatique, il est supposé faire plus chaud aujourd'hui qu'à l'époque. Le climat de Guyane française est tropical avec une faible variation saisonnière de la température. La température maximale moyenne est de 29° et la minimale moyenne de 23°, alors qu'en juin la moyenne maximum est de 31° avec un minimum de 23°. Alors, non, Alfred, je suis désolé, mais il n'a jamais fait 45° sur votre petite île. Je suppose que votre thermomètre était cassé. Ou... peut-être avez-vous tout inventé ?

Certains récits nous disent qu'il a passé ses 5 ans enfermé dans une cellule et qu'ils ont construit un mur pour qu'il ne soit pas en mesure de voir la mer. Mais dans ces mémoires, il peut sortir de sa cellule et se promener à l'extérieur. Les journaux sont écrits dans le style mièvre du "pauvre de moi!" qui parait saugrenu. Comme Albert Lindemann l'écrit dans Le Juif accusé, "Celui qui lit les mémoires de Dreyfus ou les lettres à sa femme ne peut guère éviter le sentiment de lire un mauvais roman, rempli de mièvreries et d'autosatisfaction." Oui, il se lit comme un mauvais roman. Une grande partie est du remplissage où il ne fait qu'écrire pour se plaindre de l'attente du courrier. Si Samuel Beckett avait écrit une pièce de théâtre sur les années de Dreyfus en prison, il l'aurait appelée En attendant le courrier [parodiant la pièce, En attendant Godot].

Vous pourriez vous demander comment un officier de l'armée accusé de haute trahison et passé en cour martiale a pu échapper à la peine de mort. Selon Wikipédia, ce futun tollé général à ce sujet: "Jean Jaurès [homme politique "socialiste"] regrettaitla mansuétudede la peine dans une adresse à la Chambre et ilécrivit: "Un soldat a été condamné à mort et exécuté pour avoir jeté un bouton auvisage de son caporal. Alors pourquoi laisser en vie ce misérable traître ?"Oui, pourquoi en effet? Tout ce que nous avons, c'est un tas de diversionsoù on l'accusedecrime politique et l'abolition de la peine de mort pour de tels crimes en 1848. Je n'aiputrouver cetteloi de 1848 [exact, l'Assemblée de 1848 écarte la peine de mort en matière politique mais les partisans de l'abolition totale, conduits par Victor Hugo, ne pourront faire triompher leurs vues], ni une source claire à ce sujet. Il y a euune loi adoptée en 1886 définissantl'espionnage comme un crime politique mais qui interdisait la peine de mort. Il aurait été condamné en vertu de cette loi. Le problème est que le maximum de peine pour espionnage en vertu de cette loi était de 5 ans de prison. Mais Dreyfus a été condamné à la prison à vie en exil. S'ils n'avaient pas été obligés de se conformer àla loi sur l'espionnage, ils auraient pu le condamner à mort, comme ils le faisaient apparemment régulièrement pour des crimes moins graves. Bien entendu, ils ne pouvaient pas le faire disparaître pour de bon à ce moment-là, puisque sa réhabilitationfinale faisait partie du plan. Il fallait juste le cacher pendant quelques années. Pas difficile.

Une autre incohérence concerne l'idée que le capitaine du Paty de Clam (chef de l'enquête) "a tenté de suggérer un suicide en plaçant un revolver devant Dreyfus, mais que ce dernier a refusé de mettre fin à sa vie en disant qu'il 'voulait vivre pour établir son innocence.'" Mais dans ses mémoires, Dreyfus dit qu'après le test de l'écriture, "du Paty se leva, et en posant sa main sur mon épaule, cria d'une voix forte: "Au nom de la loi, je vous arrête; vous êtes accusé du crime de haute trahison." Parce que c'est apparemment la façon dont les gens parlaient à l'époque. On pourrait penser que si Du Paty avait mis un revolver devant lui en l'encourageant à se suicider, Dreyfus l'aurait mentionné. Rappelez-vous que ce livre a été publié alors que Dreyfus essayait de prouver son innocence, car un nuage de suspicion s'accrochait encore à lui, ayant été reconnu coupable lors de son second procès, mais gracié par le Président. Il ne fut totalement innocenté que quelques années plus tard.

Je vous encourage à prendre un moment pour regarder le court-métrage réalisé par Georges Méliès sur l'affaire Dreyfus, qui est sorti peu après le nouveau procès de Dreyfus à Rennes en 1899. Vous y verrez que le moment dramatique avec le revolver est inclus dans le scénario. Je suppose qu'ils avaient un autre comité de 'nègres' pour écrire les mémoires. Une autre société cinématographique de l'époque, Biograph (concurrent de la société de films Edison), a filmé Dreyfus sortant de sa cellule de prison à Rennes pour prendre de l'exercice, mais il remarque "soudain" la caméra et retourne à l'intérieur. On veut nous faire croire que c'est pris sur le vif, mais ce n'est que du théâtre. Dans les années 1890, les caméras étaient énormes, bruyantes et pesaient une demi-tonne. Il n'y avait pas moyen de mettre en place secrètement ou discrètement une caméra comme le font les paparazzi aujourd'hui. Voilà encore une autre indication que Dreyfus jouait une scène. D'ailleurs un film réalisé par la même compagnie, qui montre le célèbre duel entre Émile Zola et Henri Rochefort, est présenté comme la reconstitution d'un événement réel. Mais il est aujourd'hui admis que le duel n'a pas réellement eu lieu, ce qui fournit encore un autre exemple d'une fiction qu'on fait passer pour un fait historique grâce à la magie du cinéma.

Une dernière incohérence (parmi beaucoup d'autres) que je tiens à souligner dans les mémoires de Dreyfus est ce qu'écrit l'éditeur du livre dans la préface : que le bordereau a été trouvé par la femme de chambre dans la poche du manteaude l'attaché militaire allemand (autrement dit le chef du bureau du Renseignement), le comte (et colonel) Maximilien von Schwartzkoppen. On peut aussi trouver cette version des événements dans le film de Méliès dont lien donné plus haut. Mais les récits suivants vont vous dire que le bordereau a été trouvé déchiré dans la corbeille à papier de von Schwartzkoppen. Détail mineur, mais la contradiction est révélatrice. Comme nous l'avons vu dans de nombreux autres cas, cela signe un canular.

La correspondance entre von Schwartzkoppen et l'attaché italien de l'époque, Panizzardi, a été divulguée plus tard et montre que tous deux poursuivaient une relation homosexuelle. Les courriers étaient censés faire partie du "dossier secret" de preuves présenté aux juges, mais pas à l'avocat de la défense (pour des raisons de sécurité nationale, naturellement). Il est maintenant reconnu que la plupart des documents du dossier secret étaient des "faux" ajoutés au dossier après le premier procès de Dreyfus, et on ne sait pas quels documents ont été vus par ces juges. Bien sûr, dire que quelques-uns des documents étaient des faux implique que certains étaient authentiques, mais gardez à l' esprit que s'ils ont falsifié certains documents, ils ont pu tous les falsifier.

À suivre. Décodage de photos au début de la deuxième partie.

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