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22 photos satiriques

Réalisées par Frank Kunert, ces scènes miniatures se veulent une satire de la société moderne.

Je profite de cette publication pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d'année.

























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Vous êtes la foule


J'ai déjà traduit quelques articles de David Cain, qui présente quelques leçons de vie à partir des expériences du quotidien (comme par exemple mieux gérer ses émotions ou vivre les choses en pleine conscience) ou se lancer des défis (comme de ranger sa maison, 1ère et 2ème partie).

L'expérience cette fois-ci consiste à considérer la foule autrement, ce qui peut être utile à tous ceux qui fréquentent ou habitent les grandes villes.


Vous n'êtes pas au milieu de la foule, vous êtes la foule

Par David Cain
Traduit par Hélios

J'ai eu pendant presque dix ans un boulot qui nécessitait des déplacements incessants. Je traversais la ville par tous les itinéraires possibles, souvent pressé par le temps. Le thème de l'une des innombrables émissions de radio que j'absorbais durant cette période s'orienta un jour sur la gestion de la circulation aux heures de pointe. Quelqu'un présenta pendant le débat un concept nouveau :
"Vous n'êtes pas coincé dans le trafic, vous êtes le trafic".
J'étais par chance dans des embouteillages à ce moment-là, ce qui m'a donné tout le temps de réfléchir à cette idée.

Nous avons tendance à considérer le "trafic" comme synonyme d'un "tas de voitures en travers de notre chemin". Vous tentez d'aller quelque part pour vous acquitter de vos responsabilités. D'autres personnes ont des intérêts opposés, perpendiculaires et c'est ce qui vous ralentit. Il y a vous et il y a le trafic – le trafic étant l'obstacle.

Aussi évident que cela semble a posteriori, je n'avais guère considéré ma propre voiture comme l'autre voiture anonyme, celle que voient toujours les autres. Ce n'est jamais qu'une voiture qui encombre, mais ce n'est pas la mienne. Et c'est un fait essentiel pour comprendre ce qu'est le problème quotidien du trafic – nous essayons tous de rentrer à la maison et tous nous encombrons le passage.


Quand je suis assez chanceux pour me souvenir que je me situe sur les deux côtés du problème, l'expérience des heures de pointe se transforme. Cela part d'une compétition perdant-gagnant en se dirigeant vers une lutte en commun.

S'il n'y a pas de sentiment de désaccord avec les autres conducteurs, une bonne part du désagrément de l'expérience est supprimée. Sans indignation ni compétition, il reste de la place pour une émotion beaucoup plus utile dans les encombrements : la sympathie.

Ironiquement, il est bien plus valorisant de songer à minimiser son impact sur les autres qu'à se préoccuper de la manière dont les autres devraient minimiser leur impact sur vous. J'ai découvert que tout en n'ayant aucun pouvoir pour faire avancer les autres voitures, j'avais celui d'améliorer le vécu des autres, tout du moins en partie : je pouvais laisser passer les gens, avancer de quelques centimètres pour permettre à quelqu'un de tourner à droite et montrer par ailleurs à mes compagnons-créateurs de trafic que je me souciais de la façon dont les choses se passaient pour eux. Je pouvais offrir aux autres ce que je ne pouvais me faire offrir par eux.

Quand on sait que les parties en présence sont tout autant les créateurs que les victimes du fléau des embouteillages, la patience et la compréhension envers les autres membres de la foule deviennent une réponse naturelle et améliorent grandement l'expérience.

Ce qui change ici, ce n'est pas la situation en elle-même, c'est l'état d'esprit – le passage du moi-contre-eux aunous. Toute personne présente dans un embouteillage donné defin d'après-midi a le même but et le même adversaire – pas les autres véhicules, mais plutôt ce phénomène impersonnel non blâmable qui se produit quand plusieurs personnes partagent le désir complètement raisonnable de rentrer à la maison.

Le trafic n'est malgré tout pas la seule forme de foule. Je tente de me rappeler de cultiver ce sentiment du "nous" (on pourrait le nommer "conscience-du-nous") toutes les fois où je remarque mon propre agacement face aux files interminables, aux bus bondés, aux guichets fermés, à l'équipement occupé dans la salle de gym ou aux casiers à bagages débordants dans l'avion. Tout va bien et doit l'être parce que dans notre cheminement nous jouons constamment le rôle de "l'autre" pour les autres. S'il est juste de vouloir ceci et de l'obtenir parfois, il est juste que les autres le veuillent et l'obtiennent parfois. Alors pourquoi cet agacement ?

Pour ma part, il n'existe aucun inconvénient à cet état d'esprit du "nous". Elle enlève beaucoup au désagrément de devoir se confronter à la foule, sans ajouter aucun travail supplémentaire, en dehors de celui de s'imaginer comme l'autre pour ces autres.

Il est pourtant aisé d'oublier cette opportunité et de retomber dans une relation avec la foule comme adversaire. Je l'oublie constamment, surtout au volant, et il est possible que le sentiment du moi-contre-eux occupera toujours la première place dans mon esprit quand je me retrouve aux prises avec la foule. Mais dès que je pense à me voir comme un élément indifférencié de cette foule, il est clair que cet état d'esprit est meilleur pour tout le monde.

Ce moment d'oubli débute toujours par la pensée d'être quelque part différent, moralement parlant, du reste de la foule. Ce gars n'a pas signalé qu'il tournait. Je le fais toujours. Cette voiture aurait pu mettre son clignotant – je l'aurais fait plus vite. Je fais toujours attention aux casiers à bagage.

Nous différons souvent dans notre manière de tendre vers ce que nous voulons, et celle des autres nous irrite très facilement. Chacun de nous a des idées bien arrêtées sur la façon correcte de changer de direction, de commander un sandwich, de disposer les courses sur le tapis roulant, de se faufiler dans la foule d'un concert et de faire une marche arrière sur un parking, en oubliant fréquemment que nous sommes peut-être à cet instant-là, "l'autre personne" qui empoisonne les autres.

Quand vous interprétez ces différences de comportement comme des points marquants de discorde, vous perdez le bénéfice de cette conscience-du-nous, parce que vous perdez de vue le point le plus important, qui est d'être leur semblable. Après tout, une foule n'est qu'un rassemblement de gens qui sont là avec la même idée en tête que vous.
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Johnny Hallyday et ses épreuves de santé


Dans sa lettre hebdomadaire, Yves Rasir, le rédacteur du magazine Néosanté s'est penché sur les multiples problèmes de santé de Johnny Hallyday. 

La preuve par Johnny et ses épreuves


Parmi les manchettes de journaux annonçant la mort de Johnny Hallyday, la récurrente « On le croyait immortel ! » m’a passablement étonné : qui pouvait croire que le vieux crooner vivrait encore longtemps et mourrait tranquillement dans son lit à un âge canonique ? Peut-être que certains de ses fans ont adulé le chanteur au point de le croire invincible, mais il était bien connu que sa santé n’était pas des plus reluisantes et qu’il avait déjà frôlé la mort à maintes reprises. Le vrai miracle, c’est que l’idole des (anciens) jeunes ne soit pas décédée plus tôt et qu’elle ait atteint l’âge respectable de 74 ans, soit à peine 5 années de moins que l’actuelle espérance de vie de la population masculine en France. La semaine dernière, un site médical a publié la liste des multiples ennuis de santé qui ont jalonné l’existence de Jean-Philippe Smet. Outre quatre accidents de voiture et une tentative de suicide par barbituriques, ce dernier avait déjà surmonté une syncope en plein concert, un cancer du côlon, deux opérations à la hanche, trois autres au dos, des complications post-opératoires suivies d’un coma artificiel, une grave dépression et une sérieuse alerte cardiaque. Et probablement qu’on ne sait pas tout car son entourage a toujours veillé à dédramatiser son état. Si on prend au pied de la lettre le titre d’une de ses chansons (« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort »), sa relative longévité trouve alors un élément d’explication. Mais de là à titrer que tout le monde l’imaginait indestructible…


L’emphase des médias est d’autant plus insolite que ces mêmes médias nous diffusent sans arrêt la même rengaine sur le lien entre le mode de vie et l’incidence des maladies. Loterie génétique et facteurs environnementaux mis à part, la chance d’être épargné par les pathologies serait massivement dépendante d’une bonne hygiène quotidienne et de saines habitudes très tôt acquises. Selon ce credo officiel, pas de santé sans un minimum d’ascétisme monacal. Or c’est également un secret de polichinelle que Johnny Hallyday a toujours mené une vie de bâton de chaise et qu’il a brûlé la chandelle par les deux bouts. Fêtard impénitent et fumeur invétéré, épicurien omnivore peu porté sur la diététique, il avait surtout un gros problème avec l’alcool. Pas du genre à déguster un doigt de porto avec le petit doigt en l’air mais bien du style à se bourrer la g….. et à vider des bouteilles de whisky jusqu’à pas d’heure. Tous ceux qui ont côtoyé le chanteur peuvent attester de ses innombrables ivresses, même s’il retrouvait mystérieusement tous ses esprits au moment de monter sur scène. Et si ce n’était que ça ! Dans une interview, la rock star a confié un jour qu’il soignait aussi ses angoisses avec des drogues telles que le cannabis, l’opium et la cocaïne. Accro à la coke, il en a longtemps consommé quotidiennement et il continuait d’en prendre avant d’entrer en studio ou de partir en tournée. S’il avait croisé l’héroïne, sûr que ce multi-toxicomane n’aurait pas fait d’aussi vieux os. Il est vrai que pour soigner son image de rocker, l’homme faisait régulièrement de la musculation. Qu’il entretenait sa musculature avec des poudres protéinées et qu’il se gardait en forme avec des compléments vitaminés. Je me souviens que dans les années 80, des journaux de santé naturelle ont vanté son affinité pour la nutrithérapie. Il n’empêche : cet incurable noceur était tellement « bon vivant » qu’il aurait dû être mort depuis bien longtemps. Avec tant d’assuétudes et de funestes habitudes, il incarnait carrément le contraire de la pondération préventive. Si la théorie du mode de vie était valide, la maladie aurait dû l’abattre bien avant le 6 décembre 2017 ! En mourant à 74 ans, Johnny Hallyday a en quelque sorte fourni la preuve que la médecine orthodoxe fait fausse route en faisant de la matière (gènes, aliments, alcool, tabac, polluants…) la cause première de la mortalité prématurée. Si c’était vrai que la maladie sanctionne inexorablement l’ingestion de substances toxiques, les cimetières seraient pleins de Jean-Philippe Smet précocement disparus.


Les sceptiques vont évidemment me rétorquer que la vieille canaille a succombé par où elle a péché. Comme un Jacques Brel ou un Pierre Bachelet, eux aussi emportés par le « cancer du fumeur », Johnny aurait payé au prix fort sa surconsommation d’herbe à Nicot. Minute papillon ! Comme je l’ai déjà relevé plusieurs fois, il y a entre 15 et 20% des cancéreux du poumon qui n’ont jamais touché une cigarette de leur vie. Il est donc abusif de faire de la clope la coupable d’un mal pouvant parfaitement se passer d’elle. C’est certainement un facteur de risque important, mais ce n’est pas une cause car un véritable lien causal devrait se retrouver dans 100% des cas. Par exemple, il est sûr à 100% que les nuages provoquent la pluie car il n’y a pas de pluie sans nuages. Ce qui intervient quasiment toujours en amont d’une maladie, c’est un stress psycho-émotionnel prenant au dépourvu et ressenti subjectivement comme un drame indicible. Sans le conflit existentiel qui lui correspond, il n’y a pas d’affection qui puisse se déclarer et se développer dans le corps d’un être humain. En ce sens, on peut affirmer que la quasi totalité des maladies sont psychosomatiques et que leur origine se situe dans l’intimité psychique de leurs victimes. Le cancer du poumon ne fait pas exception à la règle, comme l’avait d’ailleurs pressenti Pierre Bachelet. À son ami Patrick Sébastien, le célèbre interprète des corons avait confié avant de mourir combien sa maladie lui semblait liée à son divorce tumultueux pour épouser la sœur de sa femme. Si vous ignorez tout de cette affaire, voici un article qui relate les confidences du chanteur à l’animateur. Où l’on voit que le tabac a trop bon dos et qu’on lui fait porter un peu vite le chapeau.


Si ce témoignage éclaire les circonstances du décès de Pierre Bachelet, il laissera cependant sur leur faim les personnes familiarisées avec le décodage biologique. L’invariant des tumeurs pulmonaires, c’est en effet la frayeur de mourir, et singulièrement la peur panique d’expirer par impossibilité de respirer. Certains « décodeurs » suggèrent d’ailleurs que les méfaits du tabac résident essentiellement dans l’action obstructive des goudrons inhalés. Pour d’autres et en dépit des apparences, l’insuffisance respiratoire serait encore une conséquence du conflit et non sa cause. Quoi qu’il en soit, la médecine nouvelle du Dr Hamer n’envisage pas de cancérisation du poumon sans que survienne un choc émotionnel de type « danger de mort imminente ». C’est pourquoi ce cancer est très souvent secondaire, c’est-à-dire trouvé après un premier diagnostic de pathologie cancéreuse qui fait paniquer le patient. Ou bien à la suite d’un accident où il a bien failli manquer d’air et y rester. Le sens biologique de cette « mal-a-dit » est de multiplier les cellules alvéolaires afin d’améliorer les échanges de gaz dans les alvéoles. Chez Pierre Bachelet, on ne voit pas trop ce qui a pu déclencher pareille somatisation. Mais chez Johnny, il y a une piste de compréhension qui semble évidente : sa « vie de destroyance », comme il appelait sa tendance à l’autodestruction, ne fut qu’un chapelet d’issues mortelles évitées de justesse. En 2009, il a dû être hospitalisé et réopéré d’urgence à Los Angeles à la suite d’une infection nosocomiale contractée à Paris. Sauvé par sa mise sous coma, Il a bien failli y passer et a vraiment vu la mort en face. « J’ai vraiment souffert, racontera-t-il plus tard, je n’étais plus rien, une ombre, un vieillard, un type que je n’aimais pas, que je ne reconnaissais pas dans le miroir ». En août 2012, il est à nouveau admis aux urgences pour un problème au cœur que son producteur qualifiera de « mauvaise bronchite persistante ». Sur pareil terrain pulmonaire, il suffisait d’une étincelle pour mettre le feu et précipiter la fin. Comme par exemple une radiographie de contrôle subie début 2017 et montrant une « tache anormale » dans un poumon, traitée bien entendu par des chimios très agressives.


Dans sa petite enfance, il n’est pas non plus difficile d’identifier le conflit ayant programmé cette fragilité. En 1944, le futur Johnny à peine âgé d’un an a déjà tutoyé la mort en avalant accidentellement des cristaux de soude caustique. Selon la légende, ses graves brûlures buccales de l’époque n’étaient peut-être pas étrangères à son incroyable puissance vocale. Son « projet-sens », autrement dit les éléments de sa biographie qui plongent leurs racines dans son histoire familiale, est également d’une clarté limpide. Abandonné par son père et délaissé par une mère trop accaparée par sa carrière de mannequin, il sera élevé par une tante paternelle dont le mari sera arrêté pour faits de collaboration avec les nazis. Ce qui vaudra au petit Jean-Philippe d’être traité dans les cours de récré de « bâtard » et de « fils de boche », stigmates sociaux qui laissent immanquablement des traces. C’est la rencontre providentielle avec le mari d’une cousine, un danseur américain se faisant appeler Lee Halliday et qui le surnomme affectueusement Johnny, qui sera sa planche de salut et sera le point de départ de sa vocation artistique. Longtemps plus tard, devenu un père aimant et bienveillant pour ses enfants biologiques et adoptés, le monument de la chanson confiera qu’il s’efforçait d’offrir à sa progéniture l’affection parentale qui lui avait tant manqué. L’homme aux 110 millions de disques fut aussi l’incarnation de la résilience psychologique et la preuve vivante que les épreuves d’enfance les plus cruelles peuvent être sublimées. À son père, il avait sans doute pardonné dans son cœur puisqu’il assista à son enterrement et qu’il avouera y avoir pleuré à chaudes larmes. Mais à sa génitrice ? Même s’il avait renoué avec elle des liens étroits au point de l’emmener en vacances avec lui, on peut se demander si la plaie était vraiment refermée. Peu avant sa mort, en 2007, il fit une sévère chute qui l’obligea à assister aux obsèques en béquilles. Sur les photos, le visage du rocker endeuillé est un masque de cire aux traits impassibles et aux yeux secs Dans tout ce que j’ai lu ces derniers jours, un détail peu banal m’a particulièrement frappé : lors de l’opération pour une hernie discale, le neurochirurgien aurait accidentellement sectionné la dure-mère, c’est-à-dire la membrane fibreuse qui entoure la moelle épinière et le cerveau. Comme par hasard, c’est cette intervention ratée qui a donné lieu à une infection presque fatale et qui, selon Johnny, fut l’épicentre chronologique de ses tourments dorsaux. Après des années de bataille judiciaire, le chirurgien et le chanteur avaient conclu un accord d’indemnisation à l’amiable. Mais rien, ni l’argent ni la gloire, ne pourra jamais réparer l’absence d’une mère assez dure pour abandonner son bébé à d’autres bras. Pour les chercheurs en décodage, la vie et l’œuvre de Johnny Hallyday sont une mine de preuves que les émotions sont les vraies clés ouvrant ou barrant l’accès à la santé. Qu’il repose en paix et que ses démons lui lâchent enfin les baskets !
Yves Rasir

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La vie en communauté... avant

Je viens de relire le roman d'Henri Vincenot, "La Billebaude" (1978) qui raconte une époque où toutes les générations cohabitaient. Un mode de vie à jamais disparu dans les pays occidentaux... pour le plus grand mal des enfants. Je vous ai transcrit deux passages.
Vincenot est né en 1912.

Henri Vincenot (1912-1985)
"Puisque j'en suis aux portraits de famille, il me revient que j'ai parlé de mes "six grand-mères". On aurait tort de croire à une erreur typographique, aussi vais-je donner tout de suite des précisions, car, dans la suite du récit, vous ne vous y reconnaîtriez certainement pas.

Je vivais le plus souvent chez mes grand-parents maternels Joseph et Valentine, dont je viens de vous parler abondamment, mais vivaient également dans la maison du bourrelier, sa mère, mon arrière-grand-mère, Anne, surnommée simplement Mémère-Nanette, la guérisseuse, qui avait alors quatre-vingt-cinq ans, je crois, puis la mère de ma grand-mère, dont le prénom était Claudine et que je nommais Maman Daudiche (Daudiche c'est Claudine en patois). Celle-là était âgée de quatre-vingt-dix ans. Dans le village tout proche vivaient mes grand-parents paternels, Alexandre et Céline, que j'allais voir souvent, avec leurs mères, Mémère Étiennette, quatre-vingt-quinze ans et Mémère Baniche âgée de quatre-vingt-douze ans. J'avais donc bien six grand-mères. Mais ce n'est pas tout ! car j'ai conservé le meilleur pour la fin. J'avais aussi cinq grand-pères, car, en plus de mes deux grand-pères, j'étais chaperonné par trois arrière-grand-pères. Un seul manquait à l'appel. Un laboureur, disait-on, qui était mort accidentellement pour être tombé à la renverse d'un char de paille vers les quatre-vingt-deux ans. À la fleur de l'âge, quoi !

Les trois survivants de l'Ancien Régime avaient respectivement quatre-vingt-dix, quatre-vingt-douze et quatre-vingt-quinze ans. En tout onze aïeuls et je vous prie de croire que je faisais, en fin décembre, pour les étrennes, une fameuse fricassée de museaux ! Onze vieux-qui-piquent à embrasser, car ils piquaient tous, les femmes aussi drûment que les mâles ! Sacrée sinécure ! Mais rente appréciable, car si les uns ne me donnaient que des poires séchées ou une poignée de noix, les autres me glissaient dans la poche une pièce de bronze à l'effigie de Napoléon III et qui valait le dixième de l'ancien franc. Un seul, qui n'était pas le plus riche, tant s'en faut, me faisait cadeau en grande cérémonie d'un louis d'or, plutôt d'un napoléon, en me recommandant de n'en jamais faire la monnaie et de le garder dans ma tirelire jusqu'à la mort inclusivement.

Tout cela pour dire, entre autres, à propos de chasse, deux choses : premièrement, la jeunesse d'aujourd'hui aurait tort de s'imaginer que tout le monde, jadis, mourait de sous-développement à quarante-cinq ans, comme les astuces de la statistique tendent à le faire croire aujourd'hui. Secondement, que le genre de vie absolument primitif et aussi peu hygiénique que possible qu'avaient mené ces vieilles gens, ne conduisait pas à la déchéance, tant morale que physique. Mes vieux et mes vieilles avaient tous moissonné à la grande faucille, et la plupart se soutenaient encore chaque jour d'un bon bol de trempusse au ratafia, dont je me repentirais de ne pas donner ici la recette : verser un quart de litre de ratafia dans un bol, y tremper de grosses mouillettes de pain frais ou rassis selon les goûts, et manger les mouillettes. Comme on voit, cela n'est pas boire, puisque l'on se contente de manger le pain et que c'est lui qui a tout bu. Quand au ratafia, mon grand-père disait : c'est la boisson la plus saine qu'on puisse imaginer car on la fait en versant un quart de marc à 55° dans trois quarts de litre de jus de raisin frais. Le jus de raisin ainsi traité se conservait indéfiniment en se bonifiant, bien entendu.

Pour lors, tous ces vieux vivaient au domicile de l'un de leurs enfants qui, selon l'expression consacrée, les avaient "en pension". Cela signifiait que celui de leurs enfants qui les hébergeait recevait de ses frères et soeurs une petite somme d'argent fixée à l'amiable.Cette pension était en réalité très faible car les vieillards étaient considérés comme précieuse main d'oeuvre et de ce fait, dédommageaient en partie l'enfant qui les accueillait.

Mes arrière-grand-mères tricotaient et reprisaient toutes les chaussettes, ravaudaient le linge, récoltaient les simples, donnaient la main aux quatre lessives de l'année, s'occupaient des couvées et assuraient la permanence de la prière.

Mes arrière-grand-pères faisaient et réparaient toute la vannerie et la sacherie de la maison, remmanchaient les outils, aiguisaient les lames, régnaient sur le bûcher et avec les jeunes garçons, mes cousins et moi, approvisionnaient les feux.

Si je vous raconte cela, c'est pour vous montrer comment étaient alors réglés ce qu'on appelle maintenant les "Problèmes du troisième âge". On peut avoir intérêt à méditer là-dessus, en notre grandiose époque qui pratique si délibérément l'abandon officiel des enfants et des vieillards, tout en leur consacrant par ailleurs tant d'articles exhaustifs dans la presse, tant de discours à la tribune et tant de crédits pour réaliser à leur égard la ségrégation des âges avec les crèches, les écoles enfantines, les asiles et les maisons de retraite. Pour parler clair, je dirai qu'il n'y avait pas de "problème de l'enfance" ni du "troisième âge" parce que la famille assumait alors toutes ses responsabilités.

Mais de quoi vais-je me mêler là, moi, le conteur, qui ne devrais que conter ?"

Et plus loin dans le livre :

"Selon la coutume d'alors, la soeur célibataire habitait sous le toit du frère ou de la soeur mariés, de même que les bisaïeuls, ce qui éliminait le problème, si préoccupant aujourd'hui, de la femme seule. Oui, pleines de femmes étaient alors les maisons ! Pas de camarade à moi qui n'eût lui aussi, dans nos pays de prodigieuse longévité, deux mémères-bi, une Tontine aussi [Vincenot fait référence à sa grand-tante Léontine, dont le fiancé serait mort à la guerre de 1870 et qui est restée célibataire] et, bien entendu sa mère. Que de girons pour s'y cacher ! Que de placentas protecteurs autour de l'enfant ! Ce qui résolvait, par-dessus le marché, le problème des crèches et de l'école maternelle si coûteuses à la collectivité d'aujourd'hui et où les mères "abandonnent" littéralement leur enfant.

Oui, pleines de femmes étaient les maisons. Donc, maisons riches, car "bonne femme vaut écu", "maisons gaies, maisons chaudes !" Ah, si vous aviez vu ça, mes pauvres enfants, à côté de ces maisons d'aujourd'hui, froides, sinistres, parce que vides de femmes ! Vous entrez dans ces intérieurs inanimés : où est la patronne ? Elle a abandonné son poste, elle est partie ! Partie "travailler", paraît-il. Les miennes travaillaient aussi que je sache, et la lessive, et les poules et les lapins, les vaches et le raccomodage et la couture ! Et pourtant elles étaient là tout près de nous, les petiots. Que de jardinières d'enfants à notre dévotion ! Que de puéricultrices à notre service ! Que d'éducatrices spécialisées à notre formation personnelle et à notre épanouissement ! Quelle vie de luxe, en définitive ! Quelle riche civilisation  !"

Si vous n'avez pas encore lu "La Billebaude", je vous le recommande pour la truculence et l'humour du bourguignon Vincenot nous contant une partie de son enfance.
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Ninja with the Most Chakra in “Naruto”

I’ve played many different Naruto games, action games, character collecting games, among others. However, the one I like the most is Naruto Online, I can collect the characters I love the most in this game and I can create the most advanced tactics using Naruto’s original work as a reference for this amazing piece.

1.Naruto: capable of simultaneously assisting thousands of ninja
Naruto has got half of the Nine-Tails inside his body, when using his Chakra to protect the Allied Shinobi Forces, he creates a “Chakra Cloak” for each of them, a total of more than 30.000 ninja. When Naruto activated the Six Paths mode, his Chakra reserves increased once again, when fighting off Kaguya, Naruto’s Shadow Clones themselves were capable of using Rasengan to attack her.


2. Killer Bee: perfect usage of the Eight-Tails Chakra
Killer Bee is a ninja capable of fully and perfectly using the power of the Tailed Beast. Before activating the Six Paths Mode, Naruto game managed to fully control only half of the power of the Nine-Tails. Furthermore, Killer Bee can evade all Genjutsu.

3. Third Raikage: fought thousands of ninja for 3 days and 3 nights, used up his Chakra and did not die
The Third Raikage’s body itself was unusually strong, no matter if he was attacking or defending, his prowess was one to be reckoned; after all, his power was on pair with the Eight-Tails. Not only that, but he was able to keep off more than a thousand ninja only by himself in order to protect his comrades.

4.Kisame Hoshigaki: Tailless Tailed Beast
One of the Mist’s Seven Swordsmen, Kisame Hoshigake’s blade is the strongest amongst all Seven Blades of the swordsmen: Samehada. Samehada will chase after its enemies’ Chakra and will transfer it to its wielder. In the Shinobi World, Kisame Hoshigaki’s Chakra reserves were so big that he was going by the title of “Tailless Tailed Beast”.


5. Sasuke: Absorbed all Nine-Tailed Beasts Chakra
Similar to the previous ninja, Sasuke also has large Chakra reserves. After sealing Kaguya together with Nauto, Sasuke did not dispel the “Infinite Tsukuyomi”, instead he absorbed all Nine-Tailed Beasts’ Chakra for himself and planned to defeat Naruto. He used the Nine-Tailed Beasts’ Chakra with his perfected Susano’o to create the ultimate power capable of rivalling the Six Path’s power!

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Étonnant : un vol d'étourneaux aux Pays-Bas

L'auteur de la vidéo explique que les étourneaux n'ont pas encore migré en raison d'un automne doux. Le rassemblement se passe au crépuscule.



The art of flying - short 2 min version from Jan van IJken on Vimeo.
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Fukushima abandonnée

De courtes vidéos sur la chaîne YouTube "Exploring the unbeaten path" (exploration des sentiers non battus). Dans cette série démarrée en octobre 2017, les deux jeunes auteurs, Bob et Frédérik, un néerlandais et un flamand, explorent la zone interdite de Fukushima. Ils ajoutent une vidéo chaque mardi. Les sous-titres sont en anglais.

Voici le trailer de la série :



Je publie les premiers épisodes. Si vous souhaitez être informés des suivants, abonnez-vous et cliquez sur la petite cloche à droite du nombre d'abonnés. Dès que vous ouvrirez une vidéo YouTube, vous verrez la petite cloche rouge en haut à droite (valable pour tous les abonnements à YouTube) de la barre de recherche.

1er épisode :



2ème épisode :



3ème épisode :



4ème épisode :



5ème épisode :

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